skyzo-phrénie
Bon sang, ça s'écrit comment déjà cette putain de maladie ?
J'avais une copine. Je dis bien j'avais. Je ne l'ai plus. Elle est toujours là mais ce n'est plus la même.
Je pense qu'à l'époque de mes grands-parents elle aurait été taxée de folle furieuse ou de doucement folle.
C'est selon.
Selon les jours.
Je l'aime car elle est mon adolescence, mon émancipation (qui ne fût pas qu'un vain mot), ma liberté.
Elle m'a ouvert à la réflexion, à la politique, au courage d'exprimer mes idées.
Elle était mon exemple à une époque où seul réussir à l'école m'importait. Elle m'a libérée de la pression parentale. Qui était énorme pour moi.
Je l'aime et je l'aimerais toujours. Car je ne serais pas celle que je suis si elle n'avait pas été là.
Elle est toujours
là.
Mais totalement
différente.
Si je devais
utiliser des mots faciles, je dirais qu'elle est folle. Car oui, elle
l'est.
Elle l'est
devenue : folle. A
Lier.
La schysoprhénie (ça s'écrit déjà comment cette horreur là ? je crois que je n'ai aucune envie d'apprendre comment ça s'écrit).
Je l'aime malgré sa maladie.
Je ne souffre pas un centième de ce que, elle, peut souffrir.
Mille fois j'ai songé à l'abandonner. A la laisser à son sort : ceux des assistantes dociles (pardon...) sociales, des psy, des tuteurs...
Mais non, je ne m'y
résouds pas.
Je l'ai trop aimé.
Elle m'a trop donné, elle m'a trop appris.
Qui pourrait
imaginer que sa meilleure amie devienne folle ?
Putain de maladie de
merde !
Depuis j'ai épuisé
des bouquins, des sites, des forums... j'essaye de
comprendre.
Par dessus-tout je voudrais la guérir : la retrouver telle que je l'ai connue. Il y a 20 ans.
Et quelle douleur je
ressens.
C'est absolument
indescriptible.
Comment continuer à aimer une personne devenue radicalement différente de celle que l'on a connue ?
Mais qui est toujours la même quand on parvient à arracher, telle la lèpre : peau par peau, silence par silence, douleur par douleur, écorce par écorce, à essayer d'atteindre ce qui fait qu'elle était ce qu'elle était, avant cette putain de maladie...
Je voudrais tant la
retrouver telle qu'elle même, même violemment.
Je voudrais la décharner, la
défaire de chaque peau qui recouvre son corps pour la retrouver telle qu'elle
était...
Eradiquer la maladie en la brûlant au deuxième degré. Afin que sa chair
renaisse.
Sauf qu'il s'agit du cerveau.
J'ai tellement mal pour elle.